Enfant unique d’un ennuyeux couple de la
petite bourgeoisie bordelaise, le narrateur, alors qu’il était enfant, rêvait
d’ailleurs en lisant et relisant encore et encore les cinq numéros de Géo et
l’atlas que lui avait offert son oncle Bertrand :
« Je découvris alors qu’il existait d’autre
contrées, d’autres pays dont je n’avais jamais lu ni même entendu les noms. Je
parcourais les cartes une à une, en étudiais les reliefs, suivait de l’index le
tracé des côtes, apprenais les noms qui y figuraient. Leurs consonances
exotiques me faisaient rêver : Saskatchewan, Kuala Lumpur, Addis-Abeba,
Mozambique… Dès lors, je voulus découvrir ce vaste monde en vrai, sans le
filtre du papier glacé, des paysages si souvent observés dans Géo à ceux que j’imaginais
d’après les commentaires des cartes de l’atlas de l’oncle Bertrand. »
Afin d’accomplir ses rêves, il aurait pu
devenir explorateur, aventurier, etc., mais, trop timoré, il a préféré passer
le concours pour entrer au Quai d’Orsay. Ce sont ses débuts au Ministère des
Affaires étrangères que le narrateur nous raconte. Les désillusions seront
nombreuses et les voyages bien rares… Jean-Claude Lalumière nous invite à
suivre les mésaventures de ce jeune provincial emprunté et candide qui, à cause
d’un malheureux attaché-case, sera immédiatement placardisé dans une annexe du
Ministère, une sinistre tour juxtaposée à la gare d’Austerlitz, au “Front
russe”, c’est-à-dire au « bureau des pays en voie de création/section Europe de
l’est et Sibérie ». Entourés de collègues plus dingues que les autres, le
lecteur suivra ses démêlés avec l’administration, notamment à propos d’une
drolatique histoire de pigeon mort. Plus hilarantes encore que ses péripéties
professionnelles seront ses relations amoureuses avec Aline, sa jeune collègue.
Quiconque lira Le Front russe ne regardera plus jamais un yorkshire de la même
manière…
Le Front russe est un petit roman aussi drôle
que bien écrit, une lecture idéale pour l’été.
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